Contrairement à d’autres grands maîtres de l’histoire de l’art, comme Michel-Ange, Rubens et Velázquez, nous savons très peu de choses sur la vie du Caravage. Son parcours mouvementé et la diversité de sa clientèle ont empêché la transmission d’une archive documentaire. Nous n’avons pas non plus de correspondance. Seuls les reportages qui reflètent ses disputes de rue et les témoignages de concurrents qui donnent forme à une vision sombre et torturée du personnage nous sont parvenus.
À partir de quelques certitudes, Jaime de los Santos a construit un argumentaire dans lequel il passe en revue le côté querelleur et prostitution du Caravage. Parce qu’il n’était pas nécessaire que ce soit ainsi. L’écrivain défend qu’« ils voulaient tellement expliquer le Caravage qu’ils lui ont donné des étiquettes qui ne lui appartenaient pas ». Dans le roman, il affronte ces étiquettes et le fait à partir de sa relation avec les femmes qui l’entourent.
Il est significatif que, lorsque De los Santos a conçu le roman, son intention était de le dédier à Anna Bianchini, la prostituée que Caravage aurait pu prendre comme modèle dans La fuite vers l’Egypteet qui aurait représenté noyé dans le controversé Mort de la Vierge.
La beauté de la première œuvre, conservée au palais Doria-Pamphilj à Rome, abrite, selon l’auteur, les clés de l’irrépressible Caravage, loyal, honnête et fidèle à sa vérité. La deuxième toile aurait été un hommage qui anticipait sa vengeance sur la mort du proxénète Ranuccio Tommasoni. Son assassinat le conduira à l’exil.
Mais la figure féminine qui domine le roman est Costanza Colonna, dont De los Santos fait l’ange protecteur de l’artiste. Lectrice dévouée de sainte Thérèse et nièce de Vittoria Colonna, amour platonique de Michel-Ange, elle incarne la protection que cette puissante famille accordait au peintre.
Pourquoi est-il toujours au bon endroit pour offrir un coup de main salvateur ? » De los Santos demande. Pourquoi son fils Fabrizio est-il celui qui facilite son transfert à Naples après la mort de Tommasoni ? L’aristocrate survole une vie qui est voyage et fuite.
