Le musée le plus surréaliste d’Espagne se trouve à Teruel

Célèbre pour ses délicieuses pêches, Calanda est également célèbre dans le monde entier pour être la ville où elle est née. l’un des cinéastes espagnols les plus influents de l’histoire. Il s’agit de Luis Buñuel, qui n’a jamais caché l’influence de ces premières années sur son cinéma : l’atmosphère religieuse oppressante, le son des cloches… mais aussi un paysage indompté qui correspondait au caractère des Aragonais.

Dans cette ville d’à peine 4 000 habitants, il est aujourd’hui possible de retracer différentes et curieuses traces du cinéaste : depuis sa maison natale (fermée au public, mais facilement visitable si l’on s’adresse aux bonnes personnes) jusqu’à une paire de statues à l’image et à la ressemblance du calandino, en passant par le mont Tolocha, où reposent soi-disant ses cendres et sur les pentes duquel, adolescent, il a fait face à Dieu pour lui demander de le frapper de la foudre.

Et Calanda abrite également l’un des musées les plus surréalistes d’Espagne, jamais mieux dit, le projet passionné du meilleur connaisseur de l’histoire buñuelienne, le documentariste Javier Espada : nous parlons du Centre Buñuel Calanda (CBC).

« Buñuel n’aimait pas les musées, mais je veux penser que celui-ci lui aurait semblé bien, car nous essayions de reproduire son esprit irrévérencieux », explique à Condé Nast Traveler Espada, qui a consacré pratiquement toute sa vie à la figure de son compatriote. Le dernier scénario (2008), Après Nazarin (2015) et Buñuel, un cinéaste surréaliste (2021) sont quelques-uns de ses films qui l’ont amené à présenter ses connaissances dans des forums comme le MoMA de New York. C’est lui qui a eu l’idée de construire ce curieux espace, même s’il est déconnecté de sa gestion depuis des années.

25 ans de surréalisme et d’histoire

Le visiteur qui connaît l’œuvre de Buñuel ne sera sûrement pas aussi surpris de le retrouver dans les salles de Radio-Canada les artefacts les plus étranges et les plus suggestifs : quelques cuvettes de toilettes avec des yeux d’insectes et d’autres surprises à l’intérieur, des poils pubiens encadrés, des téléphones suspendus… Tout cela pour aider le visiteur à explorer rien de moins que le fonctionnement de l’esprit de l’un des cinéastes les plus transgressifs et pertinents de l’histoire.

Avant que les expositions immersives ne soient le phénomène qu’elles sont, Espada a développé cette étrange approche de la vie et de l’œuvre de Buñuel, qui ne laisse personne indifférent.