Luca Guadagnino lire Bizarre, par William S. Burrougs, pour la première fois à l’adolescence. Cette lecture a ouvert un monde de désirs et surtout un imaginaire qui, selon le réalisateur de Appelle-moi par ton nom, Il a gâché toute sa vie artistique. Des décennies plus tard, au sommet de sa vie, il a enfin pu porter à l’écran ce court roman qu’un des fondateurs des beatniks a écrit lors de son séjour problématique au Mexique.
bizarre (sorties en salles le 1er janvier) raconte l’histoire de William Lee, un expatrié américain vivant à Mexico en 1950. Ces années où le vrai Burroughs s’est également exilé dans la capitale mexicaine, où, fuyant ses démons, il les a affrontés de front et a fini par tuer sa femme, Joan Vollmer, d’une balle dans la tête. Justement, en attendant son procès, en parcourant les rues et les bars de la ville, il a écrit ce court roman qui n’a été publié qu’en 1985, peut-être en partie parce qu’il s’agissait d’une histoire homosexuelle ou, selon Guadagnino, parce qu’elle ne correspondait pas à l’histoire homosexuelle. image que le sombre écrivain a explosé. « En partie, je pense qu’il n’a pas été publié auparavant parce qu’il le montrait comme une âme candide à la recherche de l’amour », explique le réalisateur.
Le protagoniste de bizarre (qui donne la vie à Daniel Craig absolument transformé) est en effet un homme perdu, seul, qui erre tel un automate alcoolique et drogué à travers les bars de Mexico, entre tequilas et mezcals, à la recherche de l’amour et du lien humain. Mais il ne parvient à se lier d’amitié qu’avec un autre expatrié (Jason Schwarztman) et se bat pour attirer l’attention d’Eugene Allerton (Drew Starkey) un ex-marine, qu’il invite à l’accompagner dans un voyage à travers Amérique du Sud à la recherche de la drogue promise, le yagé.
Le troisième acte du film est la création de Guadagnino avec Justin Kuritzkes, son co-scénariste (avec qui il a déjà écrit **Rivaux), **et dans celui-ci, en plus de se délecter de ce voyage géographique et psychédélique à travers le yagé, ils expriment davantage cette histoire d’amour qu’ils croient avoir vécue par Burroughs et dans laquelle, pour le réalisateur italien, se concentre toute l’âme du roman : » « C’est une histoire d’amour universelle, sur la tragédie de l’amour non partagé dû au fait de ne pas être au même endroit et au même moment, malgré le fait d’être amoureux », explique-t-il.