Les femmes qui tissent les montagnes de l'Atlas

Un tapis n'est pas seulement un tapis. Un tapis peut être le paysage, la terre, la transhumance, le ruisseau dans lequel la laine est nettoyée et l'infatigable tissage des mains dessinées au henné.

La ville d'Ait Ourir est située dans une vallée entourée de pics pierreux, d'apparence hostile. Peu de touristes s’aventurent aussi loin. Il est probable que, s'ils le faisaient, ses habitants se consacreraient à la vente de souvenirs ou à fournir abri et nourriture aux voyageurs en quête d'aventure modérée. Mais ce n'est pas comme ça, alors Les femmes de cet endroit reculé tissent des tapis.

Le tapis marocain est devenu à la mode lorsqu'au XXe siècle, les créateurs de l'architecture moderne ont voulu introduire une touche ethnique dans leurs intérieurs austères. Contrairement au tapis oriental classique, Le tapis berbère était rustique, schématique et flou.

La designer Kavita Parmar a décidé de pousser plus loin cette tradition. Mais en arrivant à Ait Ourir, il découvrit qu'il ne restait plus grand-chose de cette tradition. Le nœud berbère avait disparu au profit du nœud turc, plus rapide à exécuter, et la laine était importée. Les perspectives, décourageantes pour un fervent partisan de l'artisanat de qualité, l'a amenée à fonder l'Atelier Talasin.

Parce qu'un tapis n'est pas qu'un simple tapis.

Talasin est un terme berbère qui pourrait se traduire par « contes tissés ».. Il nous raconte un passé mythique dans lequel les femmes racontaient des légendes à travers des tapisseries et des broderies. Il aurait été incohérent de lancer cet appel à la tradition avec du tissu venu de Chine. Parmar a été très clair sur le fait que l’important était de récupérer les racines à chaque étape du processus.

D'abord la laine. Dans l’Atlas, comme dans de nombreuses autres zones de montagne, le pâturage et la transhumance sont pratiqués. Avant que l’arrivée de la fibre transocéanique n’inonde les marchés, les tisserands se tournaient vers ce qui se trouvait à proximité : troupeaux de moutons sirwa, qui traversent les montagnes qui s'étendent vers Ouarzazat. Il suffisait de rétablir le lien.