Pourquoi prenons-nous des photos ?

En 1827, le scientifique français Niépce place une plaque recouverte de bitume comme élément photosensible à l’intérieur d’une chambre obscure. Il a laissé l’appareil sur le rebord de sa fenêtre, l’exposant à la lumière pendant 8 heures, et le résultat a été la photographie « Vue depuis la fenêtre du Gras ». C’était la première photographie de l’histoire.

Niépce ne se doutait pas que la photographie deviendrait un miroir social pour les deux cents prochaines années, depuis ces appareils photo négatifs des années 90 jusqu’aux files d’attente devant le Colisée pour publier des instantanés sur un réseau social.

Cependant, aujourd’hui, penser à la psychologie derrière l’objectif, surtout dans un contexte de voyage, parle plus de nous que du lieu : la nécessité d’officialiser notre présence dans une destination exubérante, de montrer au monde notre statut ou de préserver des moments au cas où nous n’aurions pas le temps de le faire dans une société qui évolue trop vite.

Dans un monde où nous nous sentirions nus en voyage sans notre appareil photo, pourquoi prenons-nous des photos ?

Prendre des photos… ou écrire notre histoire avec la lumière

Si nous approfondissons l’étymologie de « photographie », nous découvrons que ce mot vient des Grecs phos (lumière) et graphique (écrire), on pourrait donc décrire l’acte de photographier comme « écrire avec la lumière ». Et au final, nous ne cessons de raconter une histoire à travers de nouveaux aperçus, moments et clins d’œil à la mémoire, à nous-mêmes, à nos proches, au monde. Un acte qui comprend aujourd’hui des milliers de lectures.

« En suivant le principe d’Okham (l’explication la plus simple est la plus probable), je pense que la principale raison pour laquelle beaucoup plus de photos sont prises aujourd’hui qu’avant est simplement parce que nous le pouvons », explique le sociologue Javier Arenas à Condé Nast Traveler. « D’abord la photographie numérique, puis les appareils photo mobiles ont permis de prendre des milliers de photos gratuitement et de manière presque compulsive. Avant, le coût du développement de la photographie analogique obligeait à choisir très soigneusement ce que l’on voulait photographier, qui allait sur papier dans l’album de famille, mais maintenant la seule limite au nombre de photos est fixée par ceux qui posent, quand ils en ont assez de sourire à l’appareil photo. »