Un siècle d’Art Déco, le style qui a conquis le monde

Il y a un siècle, Paris brillait comme une vitrine du futur. Nous sommes en 1925 et, entre pavillons en porcelaine, meubles laqués et lampes angulaires, la modernité prend forme. Personne ne l’appelait alors Art Déco, mais il était là : dans la pulsation électrique des avenues nouvellement éclairées, dans les vitrines qui confondaient l’art et le shopping et dans la promesse d’un monde qui voulait oublier les tranchées et embrasser les proportions.

Célébration du progrès

Ce mouvement stylistique, qui n’est pas né avec cette vocation, mais qui allait du graphisme à l’architecture, célèbre cent ans depuis sa présentation publique au Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes de la capitale française. Une foire conçue pour exposer – et vendre – l’ingéniosité française qui finira par donner son nom, des décennies plus tard, à l’un des langages visuels les plus influents du XXe siècle. C’est en 1966 que les conservateurs du Musée des Arts Décoratifs de Paris inventent le terme – ou plutôt l’abréviation – et l’incluent dans le titre de leur rétrospective. Les Années ’25. Art Déco. Bauhaus. Style. Esprit Nouveau. Ils ont donné sens à ce qui était une attitude depuis des années : la célébration du progrès, de la géométrie et de la sophistication urbaine.

L’Art Déco a émergé dans une Europe épuisée après la Grande Guerre qui recherchait la beauté sans culpabilité et la démocratisation sans renoncer au désir. La France – blessée, mais toujours convaincue de son rôle de porte-drapeau du bon goût – en est l’épicentre. Une nation en reconstruction qui a profité de l’exposition universelle pour réunir artisans, architectes et designers – héritiers de l’Art nouveau – qui parlaient un nouveau langage : le Style Moderne.

Dans cet événement, deux courants opposés de ce « style moderne » sont devenus visibles. D’une part, le courant rationaliste, dirigé par Le Corbusier, qui défendait la fonctionnalité, la rapidité de construction et l’économie des ressources, pariant sur l’industrialisation et le dépouillement de tout ornement. De l’autre, la tendance décorative, sophistiquée et quelque peu ostentatoire des Arts Appliqués, qui mise sur l’avancement et l’exagération, bien que encore réservée à une élite urbaine (l’Art Déco est considéré comme quelque peu bourgeois). De cette dualité sont nés certains des pavillons les plus admirés : l’Hôtel du Collectionneur de Pierre Patout, meublé par Ruhlmann ; le Pavillon du Tourisme Robert Mallet-Stevens ; ou encore le Pavillon du Printemps d’Henri Sauvage.