Journal des tropiques VII : le métier d’écrire

Journal tropique. 17/01/2024

Pourquoi écrire s’il existe déjà des œuvres aussi énormes, totalisant, beau. Que peut-on dire du repentir après Crime et châtiment? « Heureux celui qui n’a rien à enfermer ! » Ou l’absurdité de la vie après le début de Bonsaï? « A la fin, Emilia meurt et Julio ne meurt pas, le reste n’est que littérature. »

Pourquoi écrire si, dit-on, tout a déjà été dit ? L’écrivain Marguerite Duras a une bonne réponse : « Tout a déjà été dit, mais je ne l’ai pas encore dit. » Et André Gide, un autre écrivain, répond aussi : « Tout a été dit, mais comme personne n’écoute, on est obligé de le répéter tous les matins. » Peut-être, je pense, j’ajoute, c’est simplement écrit parce que mettez votre grain de sable dans l’énorme dune de la littérature. Pour avoir mis votre feuille dans le livre vivant et infini des mots. On l’écrirait donc sans autre envie que celle d’écrire. Tout comme il existe des architectes, même s’il est peu probable qu’ils construisent un Colisée, un Burj Khalifa ou une tour penchée. ou une cathédrale. Tout comme il y a des réalisateurs, ils ne vont pas faire sortir les gens de la salle comme les frères Lumière, ils ne vont pas gagner Cannes ou Saint-Sébastien, ils ne vont pas non plus transcender comme Coppola. Pareil que Il y a des peintres et ils ne vont pas peindre une chapelle du Vatican, ni un autoportrait avec la fille du roi et ses servantes, ni une allégorie de la terreur humaine à travers un bombardement nazi.

Peut-être, je suppose que peut-être, nous avons écrit ces lignes. Comme l’architecte qui construit une petite maison à la campagne. Comme le réalisateur qui tourne un documentaire sur sa famille. Comme le peintre qui fait le portrait de celui qui le tient éveillé. J’écris pour m’évader à la campagne, pour comprendre ma famille – et moi-même –, pour retrouver le sommeil. Aussi, il va sans dire que j’écris pour vivre, sans métaphores, j’écris plutôt pour manger. Comme l’a dit Seuil, « Mon projet le plus lyrique est de gagner de l’argent. »

18/01/2024

Dans ce coin du sud-ouest de la Colombie, en Santander de Quilichao, Il y a tellement de jeunes impliqués dans la politique et l’art que cela semble être une extension de Lavapiés. Je ne peux pas arrêter de penser ça Cette génération va changer le destin de cette petite ville, de cette grande ville. Ce qui complique l’équation, c’est qu’ici, quelques gars à moto peuvent avoir plus d’armes que toute la zone centrale de Madrid. Je ne sais pas à quel point les assemblées, les cinéforums et les armes font bon ménage.